Cancer du poumon : causes, symptômes et traitements
Cancer le plus meurtrier, le cancer du poumon toucherait plus de 49 000 personnes en 2017. Causes, symptômes, traitements : le Pr Benjamin Besse, oncologue médical et chef du département de médecine oncologique à Gustave-Roussy nous dit l’essentiel.
Le cancer du poumon est celui qui affiche le plus fort taux de mortalité…
Si ce n’est pas le plus fréquent, en revanche, oui, il demeure le plus meurtrier chez l’homme et probablement chez la femme. En effet, dès 2015, les prévisions annonçaient que ce cancer pourrait devenir la 1ère cause de décès par cancer chez la femme avant celui du sein.
Comment expliquer ce phénomène ?
Il faut savoir que dans 90% des cas, les cancers du poumon sont dus au tabagisme. Or, l’entrée des femmes dans le tabac a été décalée dans le temps par rapport aux hommes ce qui explique qu’aujourd’hui, elles sont de plus en plus confrontées à cette maladie. Alors que les hommes n’ont plus fumé au cours des dernières décennies, les femmes, elles, ont continué ou commencé… De fait si la mortalité de la maladie a diminué chez ces messieurs, elle est en augmentation chez la femme.
Ce qui doit alerter, c’est quand un symptôme chronique (comme la toux) se modifie
Comment le cancer du poumon se détecte-t-il ?
Le problème du cancer du poumon, c’est que bien souvent, ses manifestations sont tardives. En effet, le poumon n’ayant pas de terminaisons nerveuses, la maladie est généralement indolore. Parfois mal placé, c’est-à-dire, en périphérie du poumon, le cancer peut faire mal ou faire tousser, cracher du sang… Mais tous ces signes sont en fait des symptômes généraux de cancers. Ce qui doit alerter, c’est quand un symptôme chronique (comme la toux) se modifie.
Comment faire alors pour savoir si on est concerné ?
Le dépistage est un vrai sujet. Il s’adresserait à une population dite à risques, c’est-à-dire aux fumeurs de plus de 50 ans qui ne seraient pas entrés dans une démarche de sevrage tabagique dans les dix années précédentes. Aujourd’hui, on sait qu’une radio du thorax est un mauvais examen de dépistage. Cette radio peut être normale même si cancer il y a car cet examen ne peut détecter que les grosses tumeurs, et pas les plus petites, celles-là même qui mises à jour précocement pourraient être traitées au mieux. Or, une étude américaine* a mis en évidence que le scanner, comme méthode de dépistage, réalisé sur un mode annuel, pourrait permettre de diminuer la mortalité par cancer du poumon (-20%) en repérant justement les tumeurs de petite taille. Mais la HAS n’a pas retenu les résultats de cette étude pour autoriser le remboursement des dépistages par scanner.
Contrairement à d’autres types de cancers qui sont à imputer à l’hérédité, par exemple, celui des poumons résulte le plus souvent d’une intoxication volontaire : le tabac
Même si cet examen pourrait sauver des vies ?
Il faut éviter tout effet pervers comme le fumeur qui n’arrêterait pas de fumer parce que son scanner n’a rien relevé d’anormal. Car le meilleur moyen de se protéger du cancer du poumon, c’est encore d’arrêter le tabac ! En outre, c’est un examen qui mériterait d’être réalisé dans des centres spécialisés parce que dans près d’un cas sur deux, il révèle une anomalie des poumons qui va nécessiter un suivi alors même que sur 1000 scanners réalisés, trois cancers « seulement » vont être trouvés. On sait aussi que contrairement à d’autres types de cancers qui sont à imputer à l’hérédité, par exemple, celui des poumons résulte le plus souvent d’une intoxication volontaire (le tabac). En termes de santé publique, il y a là aussi sans doute matière à débat. Pour autant, le dépistage par scanner est une opportunité à creuser.
90% des cancers du poumon sont dus au tabac. Qu’en est-il des 10% restants ?
Pour ces derniers, on ne sait pas très bien même s’il est quelques pistes. Chez les non fumeurs, le radon est la première cause de cancer du poumon. Il s’agit d’un gaz radioactif naturel surtout présent dans les régions granitiques et volcaniques. Mais il faut savoir que se protéger du radon n’est pas compliqué puisqu’il suffit d’aérer pour l’éliminer. Chez l’homme, comme chez la femme, l’exposition professionnelle, comme à l’amiante, par exemple, peut aussi être à l’origine de la maladie. Mais il est des cas où aucune raison ne vient expliquer la survenue de maladie…
Comment traite-t-on la maladie ?
Pour les cancers du poumon localisés au thorax et non encore trop avancés, la chirurgie est possible. Aujourd’hui, elle peut être réalisée par vidéoscopie occasionnant moins de cicatrices et moins de temps passé à l’hôpital pour le patient. Pour guérir les tumeurs localisées de patients qui pourraient être opérés mais qui ne sont pas opérables en raison de leur fonction respiratoire trop juste comme certains fumeurs, la radiothérapie fait aussi partie de l’arsenal thérapeutique. On la préconise aussi pour certaines tumeurs du thorax trop volumineuses ou trop mal placées pour être opérées. Pour les cancers du poumon de stade 4 dit « métastatiques », on aura recours à un traitement systémique par voie générale avec la chimiothérapie par exemple.
Sans oublier les révolutions de ces dernières années ?
En effet, les avancées de la recherche ont permis des progrès considérables ! D’abord dans les années 2000 avec l’arrivée des thérapies ciblées. Les avancées de la biologie ont mis à jour les talons d’Achille des tumeurs. Une thérapeutique qui concerne environ 15% des patients, essentiellement des non fumeurs, chez lesquels on constate des gènes mutés dans leur tumeur. Sur ce pan, la révolution se poursuit pour trouver de nouvelles mutations encore, et des traitements plus puissants. Et puis, il y a l’immunothérapie, bien sûr, qui concerne 20 à 30% de cancers bronchiques pour lesquels elle est bénéfique, plutôt chez les fumeurs, avec des patients pouvant répondre très longtemps. Aujourd’hui, l’immunothérapie envahit toutes les sphères du traitement et arrive en première ligne, mais aussi bientôt en complément des traitements locaux comme la radiothérapie et peut être un jour la chirurgie.
On peut donc guérir du cancer du poumon. Quel est le taux de survie ?
On parle généralement d’un taux de survie de l’ordre de 15% à 5 ans tout stade confondu… Ce taux n’est pas représentatif. Loin s’en faut puisqu’il faut bien comprendre qu’il n’y a pas un mais des cancers du poumon, et il en va de même pour l’arsenal thérapeutique. On ne peut donc avancer un chiffre aussi précis.
On parle généralement d’un taux de survie de l’ordre de 15% à 5 ans tout stade confondu… Ce taux n’est pas représentatif
Biopsie liquide, la recherche en marche
Si les médecins s’appuient en majeure partie sur la biopsie de la tumeur pour poser le diagnostic d’un cancer, elle est aussi utilisée pour la recherche d’anomalie moléculaire (en particulier des gènes mutés) tout au long de la prise en charge des patients. Gustave Roussy avec son programme de biopsie liquide permet d’aider à caractériser un cancer au diagnostic et, ainsi, les choix des traitements les mieux adaptés et de nombreux chercheurs participent à ces recherches. La tumeur évoluant, des analyses moléculaires parfois régulières sont nécessaires. Or, l’acte (chirurgical, radiologique, endoscopique…) qui consiste à prélever un échantillon de tumeur pour l’analyser, peut être invasif et douloureux. La biopsie liquide peut se substituer parfois à ces actes de suivi. Grâce aux résultats encourageants d’essais, présentés ces dernières années lors de congrès internationaux, elles pourraient devenir de plus en plus présentes…. Mais ne remplaceront pas les prélèvements de tissu tumoral initiaux qui permettent de porter un diagnostic.
Bonjour, je vous suis mais vous parlez à peine du cancer du non fumeur. Alk vous n’en parler pas non petites cellules tout ça je ne le retrouve pas. Après 5ans de chimio à vie quel espoir avec cette incessante fatigue. Aucune information sur ça je pense que vous avez pas mal de patients dans ce cas. C’est dommage il y en a que pour les fumeurs tant pis pour les autres.