Myélome multiple : des progrès colossaux ces 10 dernières années
Chaque année en France, 6000 nouveaux patients vont être touchés par un myélome multiple, soit environ 2% de l’ensemble des cancers.
Une maladie qui a bénéficié de nombreux progrès thérapeutiques. Les explications du Pr Philippe Moreau, directeur du site de recherche intégrée sur le cancer ILIAD Nantes/Angers et Président de l’Intergroupe Francophone du Myélome (IFM).
Pouvons-nous revenir sur ce qu’est le myélome multiple, et qui sont les patients concernés par cette maladie ?
C’est une maladie cancéreuse qui se manifeste par la prolifération de cellules anormales à l’intérieur de la moelle osseuse, dont le rôle est la fabrication des globules blancs, des globules rouges, des plaquettes, et de notre système immunitaire. En cas de myélome, les cellules anormales sont à l’origine d’une destruction osseuse avec douleurs, de la baisse du nombre de globules rouges avec fatigue. Elles fabriquent aussi une protéine détectable dans le sang, marqueur de la maladie, qui va se déposer dans les reins et être à l’origine d’une insuffisance rénale. C’est avec ces trois types d’atteintes cliniques : os, anémie et rein que, le plus souvent, un patient entre dans la maladie. Le myélome multiple va toucher plutôt le patient âgé (hommes et femmes confondus) puisque l’âge médian au diagnostic se situe entre 65 et 70 ans. Pour autant, 30% des personnes concernées ont moins de 50 ans. Il est à noter quand même qu’il n’existe pas de cas de myélome multiple chez l’enfant. Quant à ses causes, elles sont probablement multifactorielles, mais la maladie n’est pas génétique et ne se transmet pas. Les expositions à des radiations pourraient faire partie des causes (comme pour beaucoup de cancers) ; il a été démontré que les pesticides pourraient aussi la favoriser.
Comment traite-t-on un myélome multiple ?
Depuis 10 ans, des progrès colossaux ont été réalisés en termes de découverte de médicaments mais aussi de survie. Il y a encore 25 ans, cette maladie était incurable alors qu’aujourd’hui, grâce aux nouvelles classes thérapeutiques, les patients gagnent jusqu’à 10 ans d’espérance de vie ce qui ramène les sujets âgés quasiment au même niveau d’espérance de vie que la population générale. Chez les plus jeunes, on commence même à évoquer le terme de « guérison ». Les traitements vont digérer en fonction de l’âge. Chez les plus jeunes, il y a par exemple, la possibilité d’autogreffes de moelle osseuse (précédées d’un traitement « d’attaque » et suivies d’un traitement de maintenance). Dans tous les cas, la prise en charge est toujours complexe car il est souvent nécessaire d’associer plusieurs familles de médicaments ensemble pour tuer davantage de cellules tumorales. Depuis trois ans, en routine, des traitements ciblés ont fait leur apparition, plus spécifiques de la cellule tumorale, et qui vont respecter davantage les autres tissus et induire moins de toxicité.
Comment envisager « le futur » du myélome multiple ?
Comme pour beaucoup de maladies cancéreuses, le futur des traitements, c’est l’immunothérapie qui va permettre de booster le système immunitaire du malade grâce à ses propres cellules reprogrammées génétiquement (c’est ce qu’on appelle les CAR-T). Tout un champ d’investigation est en cours avec des essais cliniques. Pour faire avancer la recherche, la France peut compter sur des centres experts dans le myélome mais aussi un groupe coopérateur de médecins travaillant sur le sujet (IFM – Intergroupe Francophone du Myélome) ou encore sur l’implication des CHU et même de certaines cliniques. Autant d’acteurs qui essaient de bâtir ensemble des schémas de traitement pour continuer de progresser. Ce travail se fait aussi en lien assez étroit avec l’Af3m, seule association de patients dans le myélome multiple.
Bonjour,
Vous dîtes dans votre article que le myélome multiple n’est pas génétique mais j’ai été diagnostiquer avec cette pathologie (asymptomatique) il y a 5 mois à 55 ans et mon frère de 70 ans vient de l’être (atteinte rénale lacunes osseuses bassin, anémie) . Le hasard aux niveaux des probabilités me paraît inconcevable. Pouvez- vous SVP, me donner votre avis;