ITW – Pr. Dautzenberg : “Aller vers le sevrage tabagique”
Bertrand Dautzenberg est Professeur pneumologue au service de pneumologie de l’Hôpital de la Pitié Salpêtrière à Paris. Pour nous, il revient sur les effets d’une dépendance au tabac et nous prodigue ses conseils pour tenter d’en finir. Rencontre.
A partir de quelle dose la consommation de tabac comporte-t-elle un risque ?
Une seule bouffée de cigarette a des effets néfastes sur la santé. Si la moitié des patients atteints d’un cancer du poumon ont fumé 400 000 cigarettes avant d’en mourir, quelques cigarettes peuvent suffire à faire du mal. Tout dépend de leurs effets sur le sys- tème cardiovasculaire. Les risques dépendent de la durée et de la quantité fumée chaque jour. Mais un fumeur sur deux meurt d’une maladie liée au tabac.
Quelles sont les substances liées au risque de cancer ?
Il y a le benzopyrène qui figure parmi les goudrons et dont chaque cigarette libère 10 mg environ ou encore les nitrosamines, des substances présentes dans le tabac mais aussi sa fumée qui se déposent dans les tapis, moquettes et provoquent cette odeur de tabac froid bien connue. Il y a aussi les aldéhydes dont chaque cigarette contient environ 0,1 mg. Sachons qu’en outre, une cigarette fumée dégage 1 milliard de particules qui se déposent dans les poumons des fumeurs, et favorisent aussi le cancer.
Pouvez-vous expliquer le phénomène de dépendance au tabac ?
Un fumeur qui prend sa première cigarette dans l’heure du lever est avant tout dépendant à la nicotine, et cette dépendance ancrée dans la « carte mère » du cerveau est irrémédiable. L’âge auquel on a commencé à fumer influe aussi : commencer à fumer après 18 ans modifie « juste » la programmation de circuits du cerveau,redevenir « non fumeur » est alors possible. Mais quand on commence très jeune, que l’on fume dans l’heure suivant son réveil le matin, la dépendance nicotinique est incrustée dans le cerveau et n’en sortira pas, tout au plus pourra-t-elle être endormie : on parlera alors de rémission mais pas de guérison. On ne parlera donc pas d’un « non fumeur » mais d’un « ex-fumeur ». Pour autant, il faut savoir qu’il est possible aujourd’hui de supprimer l’envie de fumer et d’ainsi d’arrêter sans souffrir.
Mais quand on commence très jeune, que l’on fume dans l’heure suivant son réveil le matin, la dépendance nicotinique est incrustée dans le cerveau et n’en sortira pas, tout au plus pourra-t-elle être endormie : on parlera alors de rémission mais pas de guérison
De quels moyens disposons-nous justement ?
Pour soigner la dépendance tabagique en supprimant l’envie de fumer, il faut se « gaver » de nicotine. Dans un premier temps, je propose d’éviter à tout prix la frustration, avec des substituts nicotiniques et des e-cigarettes afin de réduire l’envie de fumer peu à peu. En réalité, si vous êtes sous substitut nicotinique, que vous ressentez l’envie d’une cigarette et que l’allumant, vous parvenez à la fumer entièrement, c’est que la dose de nicotine de substitution n’est pas assez forte. Il faut savoir que le nombre des récepteurs nicotiniques du cerveau diminuent s’ils ne sont pas stimulés par des pics de nicotine. Chez la plupart des fumeurs, on observe ainsi une diminution spontanée du taux de récepteurs nicotiniques en 2 ou 3 mois dès lors que les pics de nicotine apportés par les cigarettes ont été supprimés. Or les patchs ou le vapotage permettent d’absorber de petites doses de nicotine en continu, sans « pics ».
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