PMA : 130 spécialistes poussent un coup de gueule !

Ils ont pris la parole à l’occasion d’une tribune parue dans le journal Le Monde. 130 médecins et biologistes français spécialisés en assistance médicale à la procréation (PMA) ont « confessé » avoir aidé des couples hétérosexuels et homosexuels ainsi que des femmes seules à avoir un enfant à l’étranger.
Pourquoi ? Tout simplement parce que leur projet n’était pas réalisable en France, ont-ils expliqué. Des libertés prises avec la loi hexagonale interdisant en partie ces pratiques (pour les femmes seules et les couples homosexuels) : trop de difficultés encore sont à imputer au système français. Parmi celles mises en évidence par les spécialistes : la pénurie d’ovocytes dans notre pays qui impose plusieurs années d’attente aux couples infertiles (contre quelques mois seulement dans d’autres pays). « On ne peut que constater l’échec de notre système », a ainsi déclaré le Pr. Michael Grynberg, chef du service de médecine reproductive à l’hôpital Jean Verdier à Bondy, dénonçant, au passage, l’« hypocrisie » de notre système. Dans une interview qu’il accordait à l’Observatoire de la Santé en fin d’année dernière, le Pr. Grynberg revenait déjà sur ce sujet brûlant expliquant l’incohérence française qui prévoit un remboursement « jusqu’à 1500 euros pour une prise en charge rapide à l’étranger », accréditant de fait une fuite des patientes françaises vers des systèmes plus souples dans d’autres pays.
Pourtant, en octobre dernier, un décret allégeant les conditions des dons de gamètes entrait en vigueur pour justement faire face à la pénurie de donneurs, en France
Et pourtant la loi française s’est assouplie…
Une aberration pour le spécialiste puisque, en termes de médecine de la reproduction, la France a été un pays pionnier. Ainsi, dans nos pages, le Pr. Grynberg évoquait-il une PMA très « archaïque » alors même que la France maîtrise parfaitement les techniques.
Pourtant, en octobre dernier, un décret allégeant les conditions des dons de gamètes entrait en vigueur pour justement faire face à la pénurie de donneurs, en France. Début janvier, un arrêté publié au Journal officiel précisait les choses : désormais toute femme de 18 à 37 ans ou tout homme de 18 à 45 ans en bonne santé peut se porter candidat au don d’ovocytes ou de spermatozoïdes alors qu’avant cela, seules les personnes ayant déjà procréé pouvaient être « donneuses ». Un petit pas en avant, mais franchement pas une avancée réelle puisque cette mesure ne change en rien les délais d’attente ou même la complexité des démarches pour tous les couples concernés. Cécile qui a eu recours à un don d’ovocytes en Espagne parce que la France lui fermait trop de portes évoque « un état d’esprit défavorable, des médecins peu documentés, et un parcours de soins insuffisamment ficelé, les uns renvoyant la balle aux autres. » La jeune femme est bien placée pour en parler. Avant de se tourner vers l’étranger, elle a tenté de composer avec le système français : « D’abord, les médecins ne m’ont pas prise au sérieux quand je parlais de mes fausses couches à répétition, arguant qu’il n’y avait rien d’anormal à cela. J’ai dû changer plusieurs fois de gynécologue, enfoncé les portes, crier, pleurer, hurler, faire et refaire des tests pour me faire entendre. Finalement le diagnostic est tombé : une déficience au niveau des chromosomes. Seul recours, le don d’ovocytes. J’avais 30 ans à l’époque, alors je n’étais pas prioritaire ! » S’ensuit pour Cécile une « première grande traversée du désert » ; on lui annonce 5 ans d’attente, on lui conseille l’adoption…
La mise en place d’un plan national d’action contre l’infertilité que réclame les spécialistes de la reproduction montés au créneau dans les colonnes du Monde serait ainsi un premier VRAI pas en avant
PMA : un système français peu favorable
Finalement, c’est encore Internet qui aura le plus aidé la jeune femme : « C’est en allant sur les forums que nous avons eu l’idée avec mon mari de nous tourner vers l’Espagne : le corps médical ne nous en avait même pas touché un mot et s’est même montré méfiant lorsque nous avons abordé le sujet. » La hargne des 130 médecins tombe à pic. Espérons que leurs voix porteront jusqu’aux plus hautes instances de l’Etat. En effet, une meilleure prise en considération de la situation française par les pouvoirs publics permettrait de donner un cadre aux professionnels de santé, de l’information aussi puisqu’aujourd’hui, nombreux sont encore ceux qui fonctionnent selon des méthodes inadaptées à l’évolution des moeurs, qui manquent cruellement de littérature sur le sujet de la PMA ou encore qui attendent que la loi soit favorable. La mise en place d’un plan national d’action contre l’infertilité que réclame les spécialistes de la reproduction montés au créneau dans les colonnes du Monde serait ainsi un premier VRAI pas en avant. A suivre.
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