OBJECTIF 2025 : ÉLIMINER L’HÉPATITE C. OUI, C’EST POSSIBLE !

Alors que l’OMS prévoit d’éliminer l’hépatite c d’ici 2030, la France se veut être dans le peloton de tête des bons élèves. Oui, mais alors, comment faire ? Et puis, c’est quoi l’hépatite C ? Les explications du Pr Victor de Ledinghen, médecin gastro-entérologie et hépatologie. Centre médico- chirurgical Magellan, hôpital Haut-Lévêque, CHU, Pessac France.

Comment définir l’hépatite c ?

Il s’agit d’une infection chronique par un virus transmis par le sang qui attaque et détruit le foie. Non dépistée et traitée à temps, elle va aboutir à une cirrhose avec à la clé un risque de cancer du foie, et toujours, bien sûr, plus de transmission de la maladie. En France, 100 000 personnes environ seraient infectées, parmi lesquels 75 000 qui ignorent leur infection…

Quels sont les publics concernés ?

Contrairement aux idées reçues, tout le monde peut être concerné par l’hépatite C. Il y a d’abord les personnes contaminées depuis longtemps du fait d’un geste médical. On pense souvent à la transfusion de sang, sachant qu’avant les années quatre-vingt, les femmes en passe d’accoucher étaient fréquemment transfusées sans même en être averties. Mais il ne faut pas oublier les risques de contamination liés aux curetages, très fréquents dans les années soixante-dix, ou ceux liés à de simples soins dentaires… De façon plus contemporaine, les usagers de drogue sont également concernés. Et attention, pas uniquement ceux s’injectant des stupéfiants : sniffer de la cocaïne fait courir un risque d’hépatite C (une paille peut faire saigner un nez, et l’on sait qu’elle peut passer de main en main…). En réalité, une goutte de sang même invisible à l’œil nu peut contaminer. C’est pourquoi partager un rasoir ou une brosse à dents potentiellement infectés par un microsaignement peut aussi représenter un risque. Personne ne peut donc se sentir à l’abri.

En France, 100 000 personnes environ seraient infectées, parmi lesquels 75 000 qui ignorent leur infection

D’où l’importance de « faire du bruit » autour de la maladie et surtout du dépistage…

Le dépistage en effet est indispensable étant donné que l’hépatite C est asymptomatique et donc « silencieuse » jusqu’à sa première manifestation grave : la cirrhose dont on ne peut pas guérir… contrairement à l’hépatite C. La règle est donc pour tous de se faire dépister au moins une fois dans sa vie. Pour cela, une simple prise de sang suffit. Pour les publics plus à risques comme les usagers de drogues, des tests rapides d’orientation diagnostique (TROD) permettent d’avoir une réponse en seulement 10 minutes en centre de dépistage.

L’hépatite C se traite et se guérit par la simple prise d’un ou trois comprimés une fois par jour sur une période de deux ou trois mois

Comment se guérit l’hépatite c ?

L’hépatite C se traite et se guérit par la simple prise d’un ou trois comprimés une fois par jour sur une période de deux ou trois mois et le traitement connaît très peu d’effets secondaires. Je rappellerai aussi que c’est la première fois dans l’histoire de la médecine qu’il est possible grâce aux avancées de la Recherche de pouvoir faire disparaître une maladie chronique. C’est d’ailleurs l’objectif de l’OMS qui prévoit l’élimination de l’hépatite C d’ici 2030. La France se veut aux avant-postes. La ministre de la santé a ainsi fixé l’objectif national d’élimination à 2025. Reste donc à se faire tester… Sachant qu’en France, le dépistage est 100 % pris en charge, et que, quel que soit le résultat, il n’y a pas de mauvaise nouvelle car l’infection ou l’hépatite C se guérit ! Lors de votre prochain rendez-vous chez votre médecin, pensez donc à vous faire dépister et à vous faire prescrire une prise de sang, et participez, vous aussi, à l’élimination du virus !