Endométriose : pour quelles patientes la chirurgie est-elle indiquée ?
Ce week-end s’est tenue la journée mondiale de l’endométriose, l’occasion d’aborder le sujet ensemble. En France l’on parle d’une femme sur 10 qui serait concernée par une endométriose. Maladie aux multiples visages, aux multiples formes, elle est parfois asymptomatique, parfois très douloureuse. Mais alors, quelle est la place de la chirurgie dans cette maladie ? Les explications du Pr Horace Roman, chirurgien gynécologue spécialisé dans l’endométriose à l’Institut Franco-Européen Multidisciplinaire de l’Endométriose de la clinique Tivoli-Ducos (Bordeaux).
Dans l’endométriose, il existe finalement peu de traitements. Quelles sont les options ?
Rappelons, tout d’abord, que toutes les patientes n’ont besoin d’être traitées, certaines ne ressentant que de faibles douleurs cycliques, tout à fait acceptables pour elles. Après, s’agissant d’une maladie qui évolue avec les règles, l’alternative médicamenteuse reste la pilule en continu qui va bloquer les règles, et donc la croissance des lésions et les symptômes. Le problème de l’endométriose est qu’elle touche précisément des femmes en âge de procréer dont certaines ont un désir d’enfant et sont obligées d’arrêter la pilule. Or avec l’arrêt de la contraception, les douleurs s’intensifient, parfois au point de rendre les rapports sexuels impossibles. C’est dans ces cas que la chirurgie peut être indiquée.
Qu’allez-vous prendre en compte, en tant que chirurgien, pour proposer une telle intervention ?
Nous proposons une chirurgie lorsque nous estimons que la qualité de la vie post-opératoire et l’intensité des douleurs seront améliorées par rapport à l’état d’avant la chirurgie. Ensuite, la chirurgie donne de bons résultats lorsqu’il existe une relation logique entre la localisation des lésions d’endométriose et le type des symptômes, ce qui nous permet d’anticiper une meilleure santé après l’exérèse des lésions. Ce raisonnement est indispensable pour garantir que l’exérèse des lésions, un acte radical, est vraiment utile pour les patientes. Ceci souligne le rôle primordial des examens d’imagerie de qualité qui permettent au chirurgien de visualiser les lésions et de les associer aux symptômes.
Nous proposons une chirurgie lorsque nous estimons que la qualité de la vie post-opératoire et l’intensité des douleurs seront améliorées par rapport à l’état d’avant la chirurgie.
Doit-on avoir peur de la chirurgie ?
Les résultats d’une chirurgie d’exérèse bien menée sont globalement très bons et se maintiennent durant des années. Une chirurgie minutieusement planifiée, pratiquée par un chirurgien qui sait précisément ce qu’il recherche, est généralement suivie par de bons résultats fonctionnels, même sans la prise de la pilule. Concernant le chirurgien, son rôle est de proposer un traitement « sur mesure », en maitrisant plusieurs techniques et en choisissant la plus adaptée par rapport aux caractéristiques de sa patiente. Il est essentiel que les patientes, en fonction du stade et de la sévérité de leur maladie, soient orientées vers les centres les plus adaptés selon une gradation de la prise en charge. Mais les bénéfices de la chirurgie, même en cas d’endométriose sévère, sont indiscutables. J’avais réalisé la seule étude randomisée comparant deux techniques (l’exérèse et la résection segmentaire) en cas d’endométrioses sévère du rectum, et les résultats ont été probants : 80% des femmes opérées qui souhaitaient une grossesse l’ont finalement eue après la chirurgie, dont un peu plus de la moitié par conception naturelle. Sept ans après la chirurgie, l’amélioration des symptômes reste constante. La chirurgie est par conséquent utile pour traiter l’infertilité, même sans un recours obligatoire à la PMA.
l’endométriose est une maladie chronique et il faut penser aussi à des mesures d’aménagement du poste de travail sur un plan ergonomique, ou de réorganisation (horaires, télétravail …) ou de reclassement, sont une nécessité à la fois sociale et économique pour accompagner les maladies chroniques au travail : https://www.officiel-prevention.com/dossier/sante-hygiene-medecine-du-travail-sst/service-de-sante-au-travail-reglementations/les-maladies-chroniques-au-travail