Incontinence anale : une nouvelle thérapie pour une maladie taboue
Des chercheurs de l’Inserm ont testé avec succès une thérapie cellulaire visant à restaurer la capacité des sphincters à se contracter en cas d’incontinence anale. Explications.
Dans le cadre de cet essai clinique mené en partenariat avec le CHU et l’Université de Rouen, 60 % des patients ayant bénéficié de ce traitement innovant ont vu leur incontinence diminuer, révèle l’article publié dans la revue Annals of surgery. En France, l’incontinence anale touche 1 million de personnes dont 350 000 avec une forme sévère, à l’origine d’un handicap personnel, sociétal et économique important. Elle atteint notamment la femme jeune juste après un accouchement (elles sont 10 à 15% à souffrir d’incontinence dans les semaines qui suivent leur accouchement et 4 à 5% d’entre elles gardent une incontinence chronique sévère). Parmi les causes, la rupture ou dysfonction sphinctérienne se caractérise par le fait que les sphincters, ces muscles circulaires qui entourent la zone anale, perdent leur capacité à se contracter correctement.
Récupération de la fonction sphinctérienne
Après un essai clinique de thérapie cellulaire mis en oeuvre sur des rats ayant prouvé son efficacité, et après avoir vérifié la compatibilité du processus avec une utilisation chez l’Homme, un nouvel essai clinique « en conditions réelles » a pu avoir lieu sur 24 patients, la moitié d’entre eux recevant le traitement innovant. Un traitement consistant en l’injection de cellules souches adultes nommées myoblastes, capables de se différencier en cellules musculaires efficaces, alors à l’origine d’une récupération de la fonction sphinctérienne. Un suivi du score d’incontinence (score de Cleveland) des participants a été réalisé 6 mois puis 1 an après l’injection de cellules souches.
Des résultats prometteurs
Un an après l’injection, le traitement a fonctionné chez 7 personnes sur 12 (58%) alors que seule 1 patiente sur 12 (8%) a vu son incontinence s’améliorer dans le groupe placebo. Le score d’incontinence a ainsi diminué significativement de 15 à 6,5 points chez les personnes traitées alors qu’il demeure de 14 en moyenne au sein du groupe placebo. Face à ces bons résultats, les patients du groupe placebo qui le désiraient ont pu bénéficier de l’injection de leurs cellules musculaires qui avait été cryoconservées. Leur suivi a montré un taux de réponse aussi satisfaisant que celui du 1er groupe.
Les auteurs proposent ainsi une solution thérapeutique innovante à l’incontinence anale réfractaire en démontrant sa tolérance et son efficacité. A terme, le bénéfice de cette thérapie cellulaire pourrait trouver sa place au regard des contraintes du traitement de référence qui implique l’implantation d’un matériel exogène (par neurostimulation sacrée).
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