Mémoire : est-il possible d’en prévenir les troubles et comment ?
Le Pr Pierre Krolak-Salmon est neurologue et gériatre, et responsable aux Hospices Civils de Lyon de l’Institut du Vieillissement. Pour nous, il revient sur les mécanismes de la mémoire.
A la naissance, sommes-nous tous égaux devant la mémoire ?
Nous avons tous, en effet, un capital génétique propre et un développement in utero déjà différent qui va dépendre de l’état de santé de notre mère ; il peut donc parfois être altéré. Mais je dirai qu’il joue un rôle moindre sur la mémoire, et que celle-ci va finalement dépendre d’une multitude de co-facteurs s’accumulant au cours de notre vie et qui vont contribuer à construire notre capital cognitif.
Ainsi, l’environnement, le niveau d’éducation, les stimulations sociales et culturelles, l’activité professionnelle… contribuent à une plus ou moins bonne réserve. L’on sait aussi maintenant qu’une activité physique régulière (30 à 40 minutes de marche par jour par exemple) est bénéfique à la réserve neuronale, cognitive et donc de mémoire.
Des travaux récents ont d’ailleurs montré qu’une activité physique et sociale soutenue au milieu de la vie permet de diviser par deux le risque de développer une démence plus tard1. L’alimentation joue également un rôle, plutôt de type méditerranéenne car riche en acides gras polyinsaturés comme les poissons gras (saumon, maquereau…), les fruits et les légumes…
En avançant en âge, n’est-il pas trop tard pour faire travailler son cerveau ?
Il n’est jamais trop tard pour adopter de bonnes pratiques ! A 50, 60, 70 ans, l’on peut évidemment faire le nécessaire c’est-à-dire éviter d’abord ce qui nuit à la mémoire et au cerveau comme le stress, la dépression (et là encore, le sport est reconnu comme un remède efficace) en faisant, par exemple du yoga, recourant à la sophrologie mais aussi en luttant contre les facteurs de risques cardio-vasculaires, l’hypertension, le diabète, le cholestérol, le tabac, en se faisant régulièrement contrôler par son médecin.
Le sommeil est en outre très important : en vieillissant il se réduit en quantité et en qualité. Il faut donc éviter les écrans le soir, ne pas se coucher trop tôt, et apprendre à désacraliser les réveils nocturnes : mieux vaut prendre un livre qu’un psychotrope. J’ai pour habitude de dire que l’activité physique, le lien social et la nutrition sont le trépied pour la prévention des troubles neuronaux !
Le sommeil est en outre très important : en vieillissant il se réduit en quantité et en qualité. Il faut donc éviter les écrans le soir, ne pas se coucher trop tôt, et apprendre à désacraliser les réveils nocturnes
Tous les « troubles » de la mémoire sont-ils à prendre au sérieux ?
50% des plus de 50 ans se plaignent de leur mémoire, et il est vrai que notre capacité cérébrale diminue un petit peu avec le vieillissement. Pour autant les oublis de type attentionnel, les oublis immédiats sont sans valeur pathologique : ils peuvent êtres dus à un trop plein de stimulations, ou parfois, être associés à une dépression mais pas une démence. En revanche, il y a aussi des plaintes à prendre au sérieux car elles peuvent être le signe de la maladie d’Alzheimer ou d’une maladie apparentée. Ici, le sujet oublie complètement ce qu’il a fait le week-end précédent, par exemple, et ne va pas s’en souvenir même si son entourage le met sur la voie : l’information n’a pas été stockée. Autres symptômes encore : le manque de maîtrise du temps et de l’espace.
Il est vrai que notre capacité cérébrale diminue un petit peu avec le vieillissement. Pour autant les oublis de type attentionnel, les oublis immédiats sont sans valeur pathologique
Il y a 20 ans, l’on résumait Alzheimer à la perte d’autonomie, le patient ne s’en rendait pas compte. Désormais, le curseur est déplacé à un stade beaucoup plus léger, avant la perte d’autonomie : les personnes concernées constatent une cassure dans leurs capacités de mémorisation, ils s’inquiètent. Est ici posée la question éthique du diagnostic précoce mais les patients n’ont-ils pas le droit de savoir, d’être acteurs de leur maladie ?
Nous sommes face à une maladie incurable, et certains malades vont, par exemple, vouloir participer à des essais thérapeutiques. L’espoir change tout. On ne peut pas défendre le dépistage car nous ne sommes pas prêts, en revanche, on défend le repérage précoce devant une plainte ou une situation à risque, afin que le médecin généraliste puisse détecter les plaintes à risques, proposer quelque chose, envoyer leur patient en Centre Mémoire, par exemple.
On parle beaucoup d’Alzheimer et pour cause… Mais il est d’autres pathologies créant des troubles de la mémoire ?
Il y a effectivement de nombreux diagnostics différentiels que nous nous attachons d’ailleurs à l’Institut du Vieillissement des Hospices civils de Lyon à expliquer aux médecins. Ainsi, une autre maladie neuro-dégénérative peut-être en cause, mais aussi une maladie neurovasculaire, une hydrocéphalie, un méningiome, un trouble thyroïdien, des maladies métaboliques… Ce qu’il faut, c’est destigmatiser les malades, proposer un diagnostic personnalisé aussi et prendre les mesures qui s’imposent. Car savoir, c’est aussi prévenir les dangers.
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