Tour sur les odeurs corporelles

Les odeurs corporelles peuvent contrarier votre odorat ou celui de votre partenaire. Alors qu’on a tendance à les négliger quand elles ne sont pas trop fortes, elles sont néanmoins la manifestation d’une bonne ou mauvaise alimentation, d’une bonne ou d’une mauvaise hygiène comme elles peuvent aussi se rapporter aux gènes. Le docteur Isabelle Catoni a répondu à nos questions.

D’où proviennent les odeurs corporelles ?

Les odeurs sont dues à la transpiration, grâce à laquelle on maintient une température constante du corps. La transpiration est donc indispensable à l’équilibre du corps. Deux glandes sont à l’origine de la transpiration : les glandes eccrines et les glandes apocrines.

– On trouve les glandes eccrines partout. Elles sont constituées d’eau et de sel, non-odorants et sont présentes dès la naissance. C’est la raison pour laquelle un bébé n’a pas d’odeur.

– Les glandes appocrines résident surtout dans les plis (sous les seins, des aisselles, sous les pieds, entre les cuisses). Elles apparaissent à la puberté, là où un enfant commencent à dégager des odeurs. Si un enfant, avant la puberté, dégage une odeur au niveau des aisselles, il faudra en parler à un médecin.

Pourquoi ces odeurs sont-elles désagréables ?

Les odeurs des glandes apocrines sont naturellement assez fortes. A la différence des odeurs eccrines qui ne sont que de l’eau et du sel. Elles deviennent désagréables parce qu’elle sont colonisées par des bactéries, des champignons qui se développent là où il y a de la transpiration. D’autant plus que ce sont des endroits qui sont le siège d’une chaleur et d’une humidité particulière, contrairement aux bras, aux mains. Dès qu’il y a un pli, il y a de la chaleur et de l’humidité, ce qui favorise une prolifération de bactéries et de champignons.

Certains plis du corps abritent aussi des poils, qui retiennent la transpiration. Ils augmentent ainsi le risque d’odeur. Les aisselles ou le pli interfessiers sont, pour cette raison, concernés par les mauvaises odeurs.

De quelles origines sont ces odeurs ?

Il y a deux types d’odeurs : les odeurs primaires et les odeurs secondaires.

1) Les odeurs primaires peuvent avoir pour origine la génétique (certains individus sécrèteront plus de glandes apocrines que d’autres), l’hygiène et l’alimentation (la forte consommation d’ail, d’oignon ou d’alcool notamment peuvent être des facteurs de mauvaises odeurs corporelles).

2) Les odeurs secondaires sont liées à des maladies. La kératose ponctuée plantaire est une maladie du pied qui le fait macérer en rendant sa plante blanche et épaissie jusqu’à la trouer légèrement. Dans ces petits trous se logent des bactéries et des champignons qui génèrent une mauvaise odeur.

Le diabète, mal entrepris peut dégager chez le patient une odeur sucrée. L’insuffisance urinaire, quant à elle, peut dégager une odeur fruitée.

Les infections de décubitus touchent ceux qui sont dans une position allongée pendant un temps prolongé (en cas de maladie ou de vieillesse). Le manque de mouvement entraine un défaut d’oxygénation. Si le corps n’élimine pas grâce à l’oxygène, les plaies de décubitus dégagent des odeurs de pommes pourries. Dans le cas où une bactérie intervient sur le plaie, une odeur encore plus désagréable peut jaillir.

Les maladies intestinales seront autrement à l’origine de mauvaises odeurs secondaires. Les flatulences et les rots seront chez les patients atteints de maladies intestinales synonymes de mauvaises odeurs témoignant de difficultés à digérer.

Comment lutter contre les odeurs corporelles ?

Il n’existe pas à ce jour des traitements médicamenteux permettant de neutraliser une odeur primaire ou secondaire mais certains gestes au quotidien permettent de prévenir le phénomène.

– L’épilation

Les poils favorisent la multiplication des bactéries. Quand on se rase les poils des aisselles, on sent bien moins que l’odeur de la transpiration.

– L’hygiène

Quand on se lave les pieds, il ne faut pas simplement les mettre dans l’eau, il convient également de laver entre les orteils, sous les ongles avec, de préférence, du savon anti-bactérien. Si on a les ongles un petit peu longs, il faudra frotter avec une brosse à ongle. Entre l’ongle et la peau de l’orteil, séjourne une prolifération phénoménale de bactéries et de champignons. Il est préférable de se couper les ongles régulièrement et de se brosser les zones difficiles à atteindre plusieurs fois par semaine.

– L’alimentation

Il est important en grandissant d’être attentif aux aliments que notre système digestif supporte moins que d’autre. D’une part pour respecter son appareil intestinal, minimiser le risque de maladies intestinales et d’être davantage serein quant aux odeurs dégagées.

– Déodorant pour les aisselles.

Le déodorant rajoute une odeur sur l’odeur qu’on a déjà pour essayer de la neutraliser, de la tamponner. L’anti-sudorifique, lui, réduira les sécrétions des glandes sudoripares. Il va limiter la fabrication de cette sueur, riche en urée et amoniac. En revanche, les anti-sudorifiques peuvent poser un problème parce que la plupart d’entre eux sont composés de produits à base de chlorure d’ammonium, dont l’usage n’est conseillé que dans le cas de prescription.

Attention à ne pas se laver tout le temps parce qu’on est phobique de son odeur. Les lavages trop fréquents menacent une petite couche de cellules mortes indispensables à la protection de l’épiderme tout frais et favoriseront des irritations. Ces mêmes irritations peuvent déclencher une colonisation secondaire de  champignons ou de bactéries. Se laver correctement et minutieusement, une fois par jour suffit amplement.

Les injections de botox font disparaitre la transpiration. Une séance peut soulager pendant environ huit mois.

L’application de parfum sur les zones malodorantes est aussi déconseillée. Le parfum est composé majoritairement de principes actifs comme de l’alcool, qui conserve le parfum, les arômes. De plus, l’alcool peut irriter la peau, surtout au niveau d’un pli, zone fragile car créée par deux peaux qui se frottent l’une contre l’autre.