TESTS GÉNOMIQUES DANS LE CANCER DU SEIN : “ LEUR UTILITÉ NE FAIT PLUS AUCUN DOUTE ! ”
Avec 58 500 nouveaux cas de cancer du sein en France métropolitaine en 2018, le cancer du sein est de loin le plus fréquent et le plus meurtrier chez la femme. Les tests génomiques constituent un réel atout pour lutter contre ce fléau.
Le Docteur Pascal Pujol, généticien spécialisé en cancérologie au CHU de Montpellier et Président de la Société Française de Médecine Prédictive et Personnalisée, répond à nos questions.
Pouvez-vous définir ce que sont les tests génomiques et par extension les signatures génomiques ?
Les tests génomiques scannent les gènes de la tumeur et indiquent la meilleure façon de traiter le cancer. En pratique dans le cancer du sein ils vont mesurer dans une tumeur l’expression d’un certain nombre de gènes, ce qui donne des informations sur son agressivité. On va en tirer un score. Plus il est élevé, plus le risque est grand d’avoir des métastases et des récidives. Si le score est très bas, on ne va pas donner de chimiothérapie et on se contente de l’hormonothérapie. Les signatures génomiques évaluent donc l’expression de certains gènes connus pour être impliqués dans le développement et la prolifération d’une tumeur.
Quels en sont les objectifs ?
Aujourd’hui, dans la boîte à outils dont nous disposons pour prendre une décision thérapeutique, il y a la taille de la tumeur, la présence de ganglions atteints, la précision par le pathologiste du grade et de la prolifération, mais c’est encore insuffisant. Pour les cancers du sein par exemple, il reste une zone d’ombre dans laquelle se situent des patientes pour lesquelles le risque est moyen et où nous avons besoin d’éléments complémentaires. Les signatures génomiques donnent ces informations, soit pronostiques, soit prédictives sur l’utilité ou non d’une chimiothérapie.
Ils répondent donc selon vous à un réel besoin des oncologues…
Oui, leur utilité ne fait plus aucun doute. On dispose aujourd’hui de trois essais prospectifs randomisés c’est-à-dire donnant le niveau de preuve le plus élevé en médecine. On estime qu’entre 50 % et 60 % des femmes atteintes d’un cancer du sein sont dans cette zone d’ombre. Pour 30 % la chimiothérapie peut être évitée.
Les signatures génomiques deviennent-elles une des clés pour réaliser les bons choix thérapeutiques ?
Oui. S’il n’y a aucune différence de survie avec ou sans la chimiothérapie, alors pourquoi faire subir ce traitement inutile et souvent lourd ? Rappelons que ses effets secondaires sont nombreux comme des troubles digestifs, la perte de cheveux, la chute des globules blancs et ont des répercussions psychologiques, professionnelles, familiales et sociétales. Les signatures sont indiquées lors de la prise en charge de cancers du sein dits « précoces », pour lesquels la taille tumorale et l’envahissement ganglionnaire sont limités.
Toutes les sociétés savantes s’accordent à dire que ces tests sont efficaces
Ces tests sont-ils accessibles à tous ?
Ils sont actuellement partiellement pris en charge grâce à une enveloppe de l’État en vue de les évaluer. Mais en 2019, la Haute Autorité de Santé a statué contre le remboursement des signatures génomiques dans le cancer du sein par l’Assurance Maladie tout en maintenant une enveloppe « RIHN » réservée aux innovations alors qu’ils ont déjà fait leur preuve. Le problème est que cette enveloppe est fermée et son montant reste plafonné. Or, nous avons de plus en plus recours aux tests génomiques pour améliorer nos prises en charge. Conséquence : les établissements de santé prennent à leur charge une partie de leur coût ce qui crée des tensions financières. Ce n’est pas durable. Toutes les sociétés savantes s’accordent à dire que ces tests sont efficaces. Il n’y a donc aucune raison de ne pas rembourser, en France, des outils qui sauvent des vies ou évitent des traitements inutiles alors qu’ils le sont dans de très nombreux pays européens.
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