Somnolence Diurne Excessive (SDE) : ce qu’il faut retenir
On parle de Somnolence Diurne Excessive (SDE) quand l’on ressent bien plus qu’une fatigue «normale» due à un coucher tardif ou à une nuit agitée à cause de jeunes enfants, par exemple. Parmi les causes pouvant expliquer la SDE, une pathologie fréquente : le syndrome d’apnées hypopnées obstructives du sommeil plus communément appelé apnée du sommeil.
Le Dr Marc Sapene, pneumologue à la Clinique Bel-Air à Bordeaux et le Pr Jean-Louis Pépin, pneumologue au CHU de Grenoble nous en disent plus.
Comment définiriez-vous la Somnolence Diurne Excessive ?
J-L.P. : La Somnolence Diurne Excessive est une augmentation du risque de s’endormir dans une situation qui n’est pas appropriée. Elle se manifeste à différents degrés et peut être plus ou moins marquée. Une perte d’attention, des difficultés à rester éveillé (sans aller jusqu’à l’endormissement dans des situations de la vie réelle), peuvent être des signes d’alerte. Ce symptôme chronique est pénalisant, car il peut réduire les capacités à agir ou les relations sociales et altère ainsi de manière générale la qualité de vie dans la journée.
M.S. : La difficulté est souvent d’arriver à identifier une somnolence, et à la différencier d’un état de grosse fatigue (Ndlr : manque d’énergie, épuisement, manque de motivation, de désir ou d’intérêt…) Ainsi pour faire la part des choses et établir un diagnostic précis, les médecins peuvent s’appuyer sur des tests comme l’Échelle de somnolence d’Epworth, l’échelle de fatigue de Pichot, et celle dite de « dépression ».
Existe-t-il un profil particulier de « somnolent de jour » ?
J-L.P. : La Somnolence Diurne Excessive trouve diverses origines comme l’insomnie chronique ou encore (plus rarement) la narcolepsie, une maladie qui concerne principalement les jeunes avec des somnolences très caricaturales qui se manifestent par des excès de sommeil dans des moments inopportuns. La dépression est aussi une cause importante de Somnolence Diurne Excessive : chez les patients déprimés, l’état de somnolence est d’une certaine façon un moyen d’échapper à leurs problèmes. Il y a aussi, bien sûr, le syndrome d’apnée du sommeil qui concerne, à des degrés divers, 3 à 4 millions de personnes en France dont plus de la moitié s’ignore.
M.S. : J’ai créé, il y a une dizaine d’années, un Observatoire Sommeil qui a mis en évidence que parmi les patients présentant une SDE, 60% environ souffraient d’un syndrome d’apnée du sommeil… Outre les pathologies, je complèterais en rappelant que certaines habitudes de vie peuvent concourir à de la somnolence en journée : le manque de repos, la prise de certains médicaments ou encore la consommation d’alcool et de cannabis… D’où l’intérêt d’en parler à son médecin. Ce que l’on constate, c’est que 25% des patients déjà traités pour une apnée du sommeil subissent une pression de sommeil en journée (besoin irrésistible de dormir) et malheureusement ils ne s’en plaignent pas auprès de leur médecin, ce qui fait que, souvent, ces derniers n’en recherchent pas l’origine.
Justement, quand faut-il s’inquiéter d’un état de somnolence ?
J-L.P. : Certains moments dans la journée sont plus propices à la somnolence comme le début d’après-midi, à l’heure où l’individu est presque programmé pour faire une petite sieste : il n’y a pas ici matière à s’inquiéter. En revanche, lorsqu’elle intervient de manière inappropriée, à toutes les heures de la journée, lors d’une activité non stimulante (sur une chaise, en réunion, devant la télévision…), il faut se poser des questions. La première des choses à faire pour poser un diagnostic est d’éliminer les causes évidentes : les nuits blanches, les médicaments, les irrégularités dans les horaires de lever et du coucher…
M S. : C’est important de consulter, en effet, car ces états peuvent être dangereux au quotidien. J’ai des patients qui hésitent à prendre leur voiture par crainte de s’endormir au volant… La somnolence est l’une des premières causes des accidents de la route, sans parler des conséquences qu’elle peut avoir sur certains postes de travail… Je pense aux personnes qui travaillent sur de gros engins, par exemple, mais aussi les chauffeurs… L’histoire a aussi démontré que la somnolence a été à l’origine de certaines catastrophes comme Tchernobyl... Et puis, plus généralement, il y a les difficultés quotidiennes face à une qualité de vie altérée, des interactions sociales et professionnelles plus compliquées…
Mais alors, que faire face à une Somnolence Diurne Excessive ?
J-L-P. : Il faut consulter car la quasi-totalité des situations qui sont à l’origine de la somnolence disposent de traitements efficaces. La narcolepsie, par exemple, se soigne par une combinaison de médicaments éveillants. Pour l’insomnie, les thérapies cognitivo-comportementales contribuent à améliorer la qualité de sommeil. Pour ce qui est de l’apnée du sommeil, il y a la solution de l’appareillage par pression positive continue ou les orthèses d’avancée mandibulaire.
M.S. : Une fois traité pour un syndrome d’apnée du sommeil, le patient connaît une période que l’on appelle « lune de miel », au cours de laquelle il va se sentir bien. Mais 10% environ des patients traités vont encore souffrir de somnolences dans la journée avec toutes les conséquences déjà évoquées. Dans de tels cas, nous vérifions d’abord si l’appareillage prescrit est bien utilisé, si le patient applique bien les conseils d’hygiène de vie qui lui ont été proposés (ndlr : perte de poids, arrêt du tabac, position de sommeil…), s’il n’a pas accumulé une dette de sommeil et qu’il ne consomme pas de médicaments. Une fois toutes ces causes écartées, si la problématique demeure, nous pouvons alors envisager une nouvelle approche. De nouveaux traitements sont notamment actuellement à l’étude pour prendre en charge ces cas particuliers.
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