Mythomanie : les dangers au-delà de la farce
La mythomanie fait rire en premier lieu, avant d’inquiéter. Le sujet mythomane, ayant, aux yeux de son interlocuteur, plus d’un tour dans sa poche, est davantage vu comme un prestidigitateur que comme une réelle menace. Pourtant, la mythomanie est une vraie maladie guettée par le passage à l’acte.
Plus la technologie s’affine, plus elle offre de nouveaux moyens d’étaler une vie mensongère. La mythomanie se trouve alors comme bénite par l’avènement des réseaux sociaux. Si certains utilisateurs malveillants entreprennent la création de faux profils aux fins de quelques raisons obscures, d’autres, un peu plus inoffensifs, s’emploient à révéler les contours de leurs fausses vies, en publiant de fausses photos de vacances par exemple.
En effet, sublimer sa vie fait partie des nombreuses activités d’un mythomane. Si tout un chacun peut identifier facilement une personne dans son entourage qui raconte un peu trop souvent des histoires un peu trop extraordinaires, la mythomanie plus aiguë peut entraîner de sérieux dégâts.
Le paradoxe du mythomane : la cohérence
La mythomanie se situe dans la catégorie des troubles du comportement et des troubles du lien social. C’est pour cela qu’elle ne concerne guère ceux qui finissent par admettre leur mauvaise foi. Un mythomane, à la différence d’un menteur, croit pertinemment en son mensonge. « Et pour cause, car pour y croire autant, il est parvenu à confondre totalement le mensonge à la réalité. Avant de convaincre les autres, le mythomane a construit pour lui même tout un argumentaire qui enroberait solidement son mensonge. En d’autres termes, il s’est convaincu lui-même de sa propre histoire », explique Pascal Neveu, psychanalyste et Directeur à l’Institut Français de Psychanalyse Active (IFPA).
Caractéristiques de la mythomanie
Le point commun d’un cas de mythomanie à l’autre se rapporte à l’intelligence. Intelligence issue d’une hypersensibilité gagnée le plus souvent à cause d’une souffrance infantile ou adolescente. Les mythomanes sont des gens qui ne s’aiment pas et qui subissent dès lors, de profonds troubles narcissiques. « C’est en tout cas une piste qui justifie logiquement le besoin compulsif de s’inventer une réalité au dehors du commun des mortels. Puisque cette vie est introuvable dans le réel absolu, les informations que révèlent le mythomane sont invérifiables et peuvent par conséquent profiter de détails superbes, inattendus et enviables. La satisfaction du mythomane réside dans le rêve qu’il déclenche chez son interlocuteur », poursuit Pascal Neveu.
L’échelle de mensonges
Pascal Neveu a identifié les mensonges qui constituaient une « échelle de mensonges », les faisant grimper jusqu’à la mythomanie pathologique. Le premier mensonge, le moins grave est celui de l’égoïsme. Les enfants sont les plus concernés. De manière à ne pas se faire punir, ils mentiront quant au fait de ne pas avoir mangé de bonbons par exemple. Le mensonge altruiste, lui, sert à ne pas peiner l’autre en cas de vérité trop brutale ou blessante. Enfin le mensonge par omission peut indiquer un début de mythomanie car il consiste à bloquer quelques vérités jusqu’à fabriquer une histoire de toute pièce au profit de la cohérence de son histoire. Se faisant, le mythomane atteint une rupture totale dans le lien avec l’autre et avec lui-même.
Le passage à l’acte
La mythomanie peut pousser à s’octroyer un tout autre statut. Généralement celui d’un pilote de course, d’un commandant de bord ou encore d’un médecin. Ces statuts, en suscitant l’intérêt, parfois la cupidité, altèrent notre propre vigilance et notre propre perception du mensonge.
Fraichement libéré de prison (le 28 juin 2019), Jean-Claude Romand a passé dix-huit ans de sa vie à se faire passer pour un médecin chercheur jusqu’à éveiller les soupçons de sa femme, interrogeant son mari quant à la raison pour laquelle il lui interdisait de le joindre au travail. Pendant toute la durée de son imposture, il noyait le poisson en se rassasiant d’ouvrages spécialisés, à tel point que partout où il allait, il suscitait l’admiration. Lorsque, se sentant menacé par les remarques de sa femme, sa vie toute faite commençait à battre de l’aile, il l’a tuée, elle et ses deux enfants, ainsi que ses propres parents, jusqu’à ce que les pompiers le sauvent de son propre suicide. En 1996, il était condamné à vingt deux ans de prison.
Le mythomane, un personnage qui peut être dangereux
Le mythomane le plus dangereux, aussi bien pour les autres que pour lui-même, est donc celui pour qui la valeur de la réalité est inférieure à celle qu’il a créée. Dès le moindre soupçon communiqué par son entourage, une rupture violente peut pénétrer dans son univers artificiel et le pousser au pire. « Soit il coupera toute relation avec autrui en disparaissant, soit il passera à l’acte en tuant la personne détentrice du secret, soit il ne supportera pas l’image qui lui sera renvoyée et se suicidera », alerte Pascal Neveu. Ces « solutions » radicales n’ont d’autres explications que le sentiment de n’être plus rien, causé par un vide existentiel et identitaire.
L’accompagnement thérapeutique
Aucun traitement médicamenteux n’est mis à disposition de la mythomanie à ce jour. Néanmoins le rôle du thérapeute peut rappeler au malade qu’il n’y pas de jugement. « En remontant dans son histoire, il questionne la façon dont s’est crée le mensonge, pourquoi il l’utilise et comment adopter d’autres comportements, plus adaptés à un lien équilibré avec la société », conclut Pascal Neveu.
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