L’activité physique adaptée : une option de plus dans le traitement du cancer

#Communiqué
Dans le traitement du cancer, l’activité physique peut faire partie de l’arsenal thérapeutique. D’ailleurs, depuis mars 2017, elle peut même être prescrite à des patients dans le cadre d’une affection longue durée. Plus d’explications avec Grégory Ninot1, professeur à l’Université de Montpellier et Chargé de recherche en soins de support à l’Institut du Cancer de Montpellier (ICM).
Dans la maladie, qu’appelle-t-on l’activité physique adaptée (APA) ?
Il faut différencier l’APA de l’activité physique quotidienne recommandée et nécessaire à tout le monde pour lutter contre la sédentarité dont on connaît bien aujourd’hui les effets néfastes sur la santé. L’APA, ce sont des programmes de soins spécialisés au long cours qui vont être prescrits à des malades (notamment en oncologie) au même titre que des médicaments. Ils ont pour objectif de réduire les effets délétères des traitements anti-cancéreux, d’améliorer la qualité de vie et l’autonomie des patients et jouent même un rôle dans leur survie. Cette activité physique est supervisée par un professionnel et adaptée à chaque patient. Schématiquement, l’activité physique quotidienne prévient des maladies chroniques, l’APA contribue à les guérir.
L’APA, ce sont des programmes de soins spécialisés au long cours qui vont être prescrits à des malades (notamment en oncologie) au même titre que des médicaments
L’APA est officiellement reconnue par décret en France comme une option thérapeutique. Pourquoi une telle initiative ?
De très nombreux travaux de recherches ont démontré les effets bénéfiques de programme d’APA sur la santé de personnes malades chroniques. Dans certains cancers, l’APA diminue de 38% le risque de récidive2. Je citerai, en particulier, l’expertise collective Inserm menée par 14 chercheurs2 dont je faisais partie qui ont analysé plus de 3000 publications internationales afin d’étudier le niveau de preuve de ce complément de traitement. A tumeurs et à traitements médicamenteux égaux, associer un programme APA augmente la durée de vie sans perte de qualité de vie. On comprend mieux aujourd’hui les mécanismes métaboliques, immunologiques et neurophysiologiques à l’origine de ces bénéfices. Ces connaissances fondamentales associées aux études cliniques permettent justifier de l’intensité, la fréquence et des contenus de pratiques d’activités physiques appropriées aux tumeurs et options thérapeutiques choisies.
Quelles activités sont alors recommandées aux patients souffrant d’un cancer. Et tous les cancers sont-ils concernés par l’APA ?
Des différenciations se font en fonction de la localisation et de la gravité du cancer avec notamment, plus ou moins d’exercices d’endurance et de renforcement musculaire. La recherche amène à des programmes de plus en plus ciblés et précis selon le type de cancer. Par exemple, le chercheur canadien Kerry Courneya montre que les intensités d’activités dans certains cancers comme le colon doivent être plus importantes pour produire de meilleurs effets, à raison de trois à quatre séances par semaine. Cela permet de mieux « attaquer » la tumeur, de potentialiser les effets du traitement. L’APA dépend d’une posologie comme n’importe quel médicament, les scientifiques parlent d’interventions non médicamenteuses (INM).
Des différenciations se font en fonction de la localisation et de la gravité du cancer avec notamment, plus ou moins d’exercices d’endurance et de renforcement musculaire.
Oui, mais alors, où pratique-t-on une activité physique adaptée et surveillée quand on est atteint d’un cancer ?
Ces dernières années, il y a eu d’énormes progrès avec des centres de lutte contre le cancer, présents partout en France, qui se sont équipés pour recevoir les patients. A Montpellier, nous bénéficions, par exemple, de plus de 1000 m2 dédiés aux soins de support du cancer. Le point faible reste l’après-cancer avec une offre moindre et plus hétérogène même si les choses sont en train de s’organiser. J’ajouterai aussi que la Covid19 nous a permis aussi d’expérimenter le distanciel qui peut être une bonne option. Des start-up se sont d’ailleurs développées comme Siel Bleu ou encore Mooven pour suivre un programme d’APA de chez soi !
Et pour finir : en étant prescrite, l’APA bénéficie donc d’une prise en charge ?
Dans un décret récent (Décret no 2020-1665 du 22 décembre 2020 relatif au parcours de soins global après le traitement d’un cancer), il est question d’une possibilité de remboursement s’élevant à 180 euros… ce qui est louable mais reste trop symbolique, malheureusement. En revanche, certaines complémentaires santé créent des initiatives qui méritent d’être saluées en prévoyant des options de remboursement aux patients atteints d’un cancer souhaitant profiter de programmes en APA.
1- Auteur du livre : Guide professionnel des interventions non médicamenteuses – mars 2019 – Dunod
2- Activité physique – Prévention et traitement des maladies chroniques ©️ Éditions EDP Sciences, 2019
978-2-7598-2329-1
FR-LYN-00476 – Juillet 2021
Cet article est destiné à vous informer sur l’activité physique adaptée aux patients atteints de cancer. Il ne peut en aucun cas se substituer aux conseils de votre médecin ou de votre pharmacien et à la prescription de votre médecin. N’hésitez pas à leur demander des précisions sur les points qui ne vous paraîtraient pas suffisamment clairs et à leur demander des informations supplémentaires sur votre cas particulier. Les informations contenues dans cet article sont générales, elles ne sont pas forcément adaptées à votre cas particulier.
Cet article ne se substitue pas aux recommandations des autorités de santé ou à celles des sociétés savantes. Pour plus d’information sur cette pathologie, veuillez consulter votre médecin ou votre pharmacien
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