Journée Mondiale de l’Hypertension artérielle : “Un hypertendu sur deux n’est pas traité !”

Maladie chronique la plus répandue, l’hypertension artérielle concerne 1,5 milliard de personnes dans le monde. Retour sur ses causes, ses conséquences et ses traitements avec le Pr Jacques Blacher, médecin cardiologie et maladies vasculaires – Hôtel-Dieu, AP-HP.
Après 65 ans, environ 50% de la population est hypertendue. Avant 20 ans, l’on parle d’environ 5%.
Pourquoi vivons-nous dans un monde où les hypertendus sont si nombreux ?
Trois phénomènes convergents concourent au fait que l’hypertension soit très fréquente : l’augmentation de la durée de vie, la prévalence de l’obésité et l’augmentation de la population. En étant liée au vieillissement cardio-vasculaire, l’hypertension artérielle est une maladie qui concerne plus fréquemment le sujet âgé. Mais elle peut aussi toucher des publics plus jeunes. Après 65 ans, environ 50% de la population est hypertendue. Avant 20 ans, l’on parle d’environ 5%.
Quelles sont les causes et les symptômes d’une hypertension ?
Dans l’hypertension artérielle, les symptômes sont souvent absents, et quand ils sont présents, généralement peu intenses. Par exemple, l’hypertendu va ressentir des bourdonnements d’oreille ou parfois de mini vertiges, des maux de tête. Mais rien finalement de très caractéristique ou très inquiétant. Quant aux causes, elles sont à rechercher, parfois, dans d’autres maladies qui vont provoquer une HTA dite secondaire (chez le sujet jeune essentiellement) : modification de peau ou du système pileux, prise ou perte de poids… Ici, l’interrogatoire et l’examen clinique visent précisément à éliminer une HTA secondaire, puis le bilan biologique, sanguin et urinaire à en déterminer les causes. Bien sûr, la mesure de la pression artérielle chez son généraliste reste la façon la plus fréquente de dépister une hypertension.
Que risque-t-on à ne pas prendre en charge sa maladie ?
Nous pouvons apporter une réponse très précise à cette question étant donné que les traitements antihypertenseurs n’existent que depuis les années 50/60. Nous avons ainsi toute une série de travaux effectués avant cette période qui montrent bien qu’une HTA non traitée entraîne un certain nombre de complications : cardiaques, vasculaires (cérébrales, notamment) et rénales. A ne pas se traiter, un patient s’expose donc à un risque d’infarctus, d’AVC, d’anévrisme, d’insuffisance cardiaque, d’arythmie cardiaque, d’insuffisance rénale terminale, de démence d’Alzheimer… En sachant que ces risques augmentent en fonction de l’hygiène de vie et de la présence d’autres pathologies (tabac, diabète, cholestérol…).
L’arrivée des premiers médicaments dans les années 50 a déjà montré leurs bénéfices en réduisant de façon substantielle le risque de complications.
Quelles sont les innovations thérapeutiques dont a bénéficié la HTA ?
L’arrivée des premiers médicaments dans les années 50 a déjà montré leurs bénéfices en réduisant de façon substantielle le risque de complications. Jusqu’aux années 1990, de nombreux antihypertenseurs ont ainsi été mis sur le marché avec aujourd’hui un arsenal thérapeutique très satisfaisant. Pour autant, un hypertendu sur deux n’est pas traité ! Or avec la pharmacopée actuelle, l’on peut traiter l’immense majorité des patients.
Parlons traitement, justement. Quelles différences entre les monothérapies et les bithérapies ?
Les dernières recommandations françaises (2016) préconisent d’initier un traitement avec une monothérapie (un seul composé). De leurs côtés, les recommandations européennes (2018) et internationales (2020) parlent, elles de bithérapies. Le sujet n’est pas tranché en France, et nous sommes sans doute un peu en retard sur la question. De fait, il s’agit de faire du cas par cas.
Votre mot de la fin ?
Prendre un médicament tous les jours n’est pas plus facile que de s’astreindre aux mesures non médicamenteuses préconisées dans le cadre d’une HTA (maigrir, agir sur sa consommation d’alcool, manger moins de sel, faire de l’activité physique, augmenter sa consommation de fruits et légumes…). Cela explique sans doute le fait que la majorité des patients n’atteint pas l’objectif tensionnel fixé. Mais il faut le rappeler, prendre son traitement va faire plus de bien que de mal. C’est pourquoi il faut agir sur l’observance (Ndlr : c’est-à-dire le respect scrupuleux de la prescription). Une meilleure prise en charge de l’ensemble des patients réglerait la majeure partie des complications liées à l’hypertension artérielle !
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