Érotomanie : du sourire à l’inquiétude…
A l’instar de bon nombre de troubles psychotiques comme l’hypocondrie, la mythomanie…, l’érotomanie peut prêter à sourire. Pour autant, cette obsession mégalomane qui consiste à croire qu’on attire n’importe qui jusqu’à un sentiment amoureux irrépressible peut parfois tourner au drame…
Avec seulement 0,03% de la population française touchée, l’érotomanie est une pathologie peu fréquente qui, pourtant, continue de nourrir des fantasmes dans l’imaginaire collectif. Or, ses caractéristiques spécifiques contredisent bien des idées reçues. L’érotomanie (du grec ancien, érôtomanía, signifiant “amour fou”) se définit comme un trouble pathologique psychotique.
La psychose de l’érotomanie
L’érotomane évolue dans une faille narcissique, une faille affective qui fait qu’il a besoin de se sentir aimé et pour cela, il va jeter son dévolu inconscient, une pulsion, une libido sur une personne attitrée. “Exceptionnels sont les cas où différents sujets sont visés et donc victimes, ce qui différencie l’érotomane de l’hystérique.”, explique Pascal Neveu, psychanalyste et Directeur de l’Institut Français de Psychanalyse Active (IFPA). L’érotomane s’invente un tel scénario affectif qu’il va s’imaginer une histoire issue de sa pure imagination : “Il va être dans un déni total en pensant que sa cible ne peut pas avouer ses sentiments, parce qu’il ou elle est trop timide, ou bien que son contexte personnel l’en empêche”. L’érotomane pense alors que l’autre l’aime mais ne peut pas vivre cet amour : “Pour tenter de l’encourager, il va commencer à harceler, menacer et peut, en croyant faire culpabiliser sa victime, aller jusqu’au suicide ou au meurtre“.
L’érotomane pense alors que l’autre l’aime mais ne peut pas vivre cet amour
Erotomanie : comment arrive-t-on à cet état de délire ?
Pour Pascal Neveu, cet état délirant trouve souvent son origine dans l’enfance : “L’érotomane est généralement concerné par un passé affectif fragile dans la relation avec ses parents. Ou simplement une différence de traitement affectif entre frère et soeur. Un être humain ne peut pas ne pas être aimé. Pour certaines personnes, ne pas être aimé est tellement déchirant qu’elles peuvent être amenées à un effondrement psychique. Un enfant en perte d’objet d’amour peut ainsi se rattacher à quelqu’un d’autre, et parfois à n’importe qui…”
L’érotomanie au quotidien
Au quotidien, l’érotomane opère une représentation, un fantasme imaginaire sur une personne type. Les objets de sa convoitise ont le plus souvent un statut social élevé et suscitent chez lui une certaine admiration. Ce sont principalement des acteurs, des médecins ou encore des animateurs télé, parfois des supérieurs hiérarchiques. L’érotomane se représente sa victime comme une partie de lui-même, ce qui contribue à renforcer cette croyance selon laquelle “l’autre” l’aime autant que lui, voire plus. “Le délire de l’érotomane consiste à repérer les moindres gestes, les moindres petits signaux de sa cible, et à les interpréter en sa faveur. Le simple fait de retoucher un noeud de cravate par exemple devient pour lui la preuve indéniable qu’il a une ouverture…”, poursuit Pascal Neveu.
Victime d’un érotomane : que faire ?
Pour la victime de l’érotomane, le mieux est de limiter le plus possible la fréquence du contact avec son harceleur. En effet, “plus l’érotomane sera en lien avec sa cible, plus il fantasmera qu’elle l’aime mais n’a pas le droit de vivre cet amour”. Plus facile à dire qu’à faire quand la victime n’a pas d’autres choix que de voir tous les jours son amoureux fou transi. De fait, quand la situation devient invivable, que les sourires ont laissé place à l’agacement, à la colère puis à la peur, la première solution est souvent le dépôt de plainte. La justice peut alors condamner le malade en délivrant à la victime une injonction d’éloignement. “C’est par ailleurs souvent à ce moment-là que l’érotomane commence à être suivi par un spécialiste, généralement psychiatre, psychologue ou psychanalyste”, ajoute Pascal Neveu.
Diagnostic et traitement
En réalité, le diagnostic de l’érotomanie ne peut vraiment se faire qu’au moment du passage à l’acte, et dans les cas les plus extrêmes comme du harcèlement répété devenu invivable (certaines victimes vont aller jusqu’à la démission, d’autres, vont déménager le plus loin possible), mais aussi le meurtre ou le suicide. Avant cela, d’autres indices pourront indiquer que l’érotomane est dangereux, mais imperceptibles pour la justice ou l’entourage du psychotique avant un drame : des albums complets avec des photographies de la victime, des articles de journaux la concernant… “En cas de traitement, les neuroleptiques seront privilégiés. Les érotomanes pourront éventuellement traiter leur état délirant en psychothérapie mais les pulsions émotionnelles ont, dans un premier temps, besoin d’être calmées. La prise de neuroleptiques est indiquée à vie.” En cas de condamnation, le malade érotomane pourra être obligé à un suivi psychologique, “se révélant hélas souvent inefficace”, conclut Pascal Neveu.
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