Dépression estivale : le manque de vacances en cause
L’été est souvent l’occasion de faire le bilan. Idéalement au soleil, idéalement en vacances. Mais pour certains, cette saison peut être source d’angoisse, d’inquiétude et même de dépression.
La dépression saisonnière hivernale est la plus connue de tous. Caractérisée par une apathie et une hypersomnie, elle se différencie de la dépression saisonnière estivale qui touche environ 1% de la population. Son premier symptôme se distingue de ceux liés à la dépression hivernale par une grande agitation. L’été est une période lors de laquelle l’on se pose des questions, sur les choses que l’on doit faire, notamment, une injonction à l’activité, en somme. En été, l’entourage se sent davantage d’humeur à “faire” plutôt qu’à “être”. Ainsi quand certains planifient ou pensent à leurs vacances, d’autres qui n’en prennent pas se sentent sur le banc de touche.
Une étude réalisée en 2015 par la Direction générale des entreprises (DGE), pour le compte du ministère de l’Economie et des Finances a estimé que moins d’un Français sur deux partait en vacances l’été. L’étude a aussi pu identifier que les personnes à bas revenu ou sans diplôme, celles qui exercent une activité indépendante ou habitant en dehors des grandes agglomérations étaient les plus concernées par l’absence de départ en vacances.
Le complexe de la comparaison
« Il y a une différence entre ceux qui partent en vacances et ceux qui ne partent pas… », éclaircit Pascal Neveu, psychanalyste et Directeur à l’Institut Français de la Psychanalyse Active (IFPA). « Chez ceux qui ne partent pas en vacances, il est clair qu’une comparaison s’opère, une sorte de confrontation à l’autre. Se dire que financièrement, on ne peut pas partir en vacances ou qu’on ne peut pas partir dans les mêmes endroits que d’autres personnes, frustre notre besoin narcissique, notre besoin de reconnaissance sociale.” Consciemment ou non, tout le monde rêve de voyage, et de partir dans les meilleures destinations. De celles capables de faire pâlir de jalousie son entourage.
Les photos souvenir, postées sur les réseaux sociaux, n’aident évidemment pas l’étudiant condamné à passer son été dans un 25m2
Les photos souvenir, postées sur les réseaux sociaux, n’aident évidemment pas l’étudiant condamné à passer son été dans un 25m2 parisien ni même la famille nombreuse qui n’a pas les moyens de voyager… Chez certains, la perspective d’une saison chaude à la maison crée de l’angoisse qui peut parfois mener à ce fameux phénomène dit de dépression estivale. “Les vacances et le potentiel jubilatoire de celles-ci sont intrinsèquement liés au plaisir de retrouver ses amis et/ou sa famille. Or certains n’ont malheureusement pas cette perspective et se confrontent, de fait, à l’arrivée de l’été à un vide existentiel.
Le changement de température comme facteur de dépression estivale
En outre, il est un autre phénomène qui peut influer sur le moral des troupes et conduire à un syndrome de dépression estivale : les températures qui augmentent ! Un sujet ayant été trop longtemps confronté à une période hivernale au climat hostile peut également être affecté quand la chaleur survient. Cela lui demande, en effet, un temps d’adaptation plus long ; il peut potentiellement ne pas supporter les températures trop hautes et redouter le pire, et donc s’angoisser… Les changements hormonaux de l’été peuvent aussi être facteurs de dépression estivale…
Les accros au travail
Et puis, il y aussi ceux auxquels l’arrêt momentané du travail pose un problème dans la mesure où ils n’arrivent pas à s’en passer parce qu’il les occupe ! Surchargés, ces hyperactifs professionnels s’investissent énormément dans leur vie professionnelle pour, en définitive, combler un certain vide dans leur vie. « Ces derniers vont être plus sujet à la dépression parce qu’ils vont se retrouver face à un vide se rapportant à la nécessité de se demander comment s’occuper maintenant. A nouveau c’est une question identitaire, résultant d’une question sans réponse : comment n’ai-je pas réussi à conjuguer ma vie en trois quart : vie affective, professionnelle, sociale, poursuit Pascal Neveu.
Savoir prendre du recul
Pour contrer un épisode de dépression estivale, le mieux est encore de prendre du recul par rapport à l’enjeu des vacances dans l’imaginaire collectif. « Il faut tenter de se dire qu’à partir du moment où l’on a pris son pied, c’est le plus important, conseille Pascal Neveu. Dans ces cas-là, il est raisonnable et conseillé de se poser pour se demander ce qui nous fait plaisir dans la vie de tous les jours, en faisant des compromis à l’aune de nos possibilités, financières par exemple.”
Il s’agit aussi de se rappeler que les vacances ne sont pas une fin en soi. Elles méritent d’être réellement traitées comme des vacances. La dépression estivale n’est que l’arbre qui cache la forêt. Elle est symptomatique d’un trouble plus essentiel dont il s’agit de s’occuper en profondeur.
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