Comment rester femme en étant atteinte d’un cancer ?

#Communiqué
En 2018, 382 000 personnes ont appris qu’elles étaient atteintes d’un cancer en France. 177 400 cas étaient recensés chez les femmes*, qui voient leur rapport au corps évoluer à force de traitements intensifs et/ou d’opérations chirurgicales difficiles à vivre psychologiquement. Alors comment faire face à ces bouleversements, se réapproprier son corps et rester féminine avec un cancer ? En 2016, Séverine Martin a elle-même traversé cette épreuve, à la suite de quoi, elle a fondé l’association “Degom’Crab”. Aujourd’hui, elle nous raconte son parcours.
Quelle a été votre expérience en tant que femme vis-à-vis du cancer ?
Lorsque j’ai été atteinte de mon cancer du sein, ma relation à la féminité a changé. Les traitements lourds tels que la chimiothérapie par exemple entraînent des effets secondaires connus : perte des cheveux, des cils, des sourcils, et dans mon cas, j’ai également subi une ablation du sein. A ce moment-là, la féminité est forcément malmenée.
Bizarrement j’ai pris plus de temps pour prendre soin de moi durant cette période car je ne travaillais plus, et ma vie était rythmée par les soins. Pour ne pas avoir l’air malade je me maquillais, non pas pour m’embellir, mais pour paraître “normale”, c’était une façon de compenser cette perte d’attributs féminins. Par ailleurs, on parle beaucoup de la perte de cheveux liée au cancer, alors c’est compliqué, c’est vrai, mais quand on m’a enlevé un sein je me suis dit que mes cheveux, eux allaient repousser…
Et plus intimement, au niveau du couple, comment avez-vous vécu cette épreuve ?
Au niveau du couple, de l’intimité et de la sexualité, c’était très compliqué. Pendant un an, j’ai été privée de l’un de mes seins. Je craignais la réaction de mon compagnon, c’était très difficile à vivre pour lui aussi. On vit une mutilation. Il s’agit d’un attribut féminin, mais aussi d’une zone érogène dont on est privé du jour au lendemain. Et puis la féminité c’est aussi avoir une sexualité épanouie et de ce point de vue là, la période post-cancer est compliquée. On subit une monothérapie -un traitement sur 5 ans- qui entraîne une sécheresse vaginale et perturbe la libido. D’autre part, j’ai pris conscience que la féminité ce n’est pas que le physique. Etre femme, c’est aussi un état d’esprit, c’est s’assumer telle que l’on est.
Après le combat, vient la reconstruction post-cancer. Créer une association vous a-t-il d’ailleurs aidée à vous reconstruire ?
J’ai créé l’association à la fin des traitements les plus intensifs (au bout d’un an à peu près). Au début, c’était une page facebook où je parlais de mon expérience, où j’échangeais avec d’autres femmes. Cette page était un exutoire, une façon de poser mes mots et j’en ai fait un combat. Je m’aidais en aidant les autres. C’est comme ça que l’association est née, à force de rencontres avec d’autres femmes, qui elles aussi ont voulu se réinventer et donner du sens à ce qu’elles faisaient après la maladie. Certaines montent leur entreprise, d’autres des associations, se lancent dans la peinture ou dans l’écriture…
Vous insistez beaucoup sur l’enjeu de la “résilience” post cancer. Il y a évidemment une grande part de travail psychologique à mener pendant mais aussi après la bataille contre la maladie. Comment accompagnez-vous les femmes dans cette épreuve ? Quels conseils pouvez-vous leur prodiguer ?
Le premier conseil, c’est de ne pas rester seule face à la maladie. Il faut s’entourer de personnes qui traversent la même épreuve, approcher les associations spécialisées. Là où j’ai trouvé le plus de réconfort c’était auprès de femmes qui vivaient la même expérience que moi. Être entouré par ses proches est primordial, mais ils ne vivent pas la même chose que vous.
Ensuite il faut trouver un exutoire. Personnellement je tenais un journal de bord, j’écrivais sur les réseaux sociaux, je faisais des photos, je dessinais. Il faut trouver le ou les moyens de canaliser nos émotions. Dernier conseil : chacun son rythme, chacun son chemin. De notre côté, nous avons décidé de nous concentrer sur la “résilience” post-cancer. C’est le sens du salon des K-fighteuses*, nous sommes très actives sur les réseaux sociaux pour montrer qu’après l’épreuve vient la reconstruction. Nous voulons donner une autre image de la maladie : donner de l’espoir.
Vous allez publier une brochure sur le sujet de la féminité. Quel a été votre rôle dans la rédaction de cette brochure ? Qu’apprend-t-on dans ce document, à qui est-il destiné en particulier ?
La brochure a été réalisée en collaboration avec les laboratoires MSD et AstraZenaca, dont nous sommes partenaires. De mon côté, j’ai été chargée de la relecture. On y trouve des conseils pratiques notamment sur la perte de cheveux, l’entretien de la peau, des conseils pour aider les femmes dans leur quotidien et prendre soin d’elles mêmes.
Quel message souhaitez-vous envoyer aux femmes qui traversent l’épreuve que vous avez vous même traversée ? Et quels conseils donneriez-vous à leurs proches afin de les aider au mieux ?
Il faut insister sur le fait que la maladie peut être aussi une façon de se redécouvrir en tant que femme : c’est pourquoi il faut trouver un exutoire, un projet afin de se reconstruire. Il faut croire en soi-même, s’exprimer et apprendre à s’aimer autrement. On peut trouver au fond de nous-mêmes des forces insoupçonnées. Je veux dire aussi que ce qui définit une femme, ce n’est pas uniquement son corps, ses seins par exemple. Il faut être soi-même, s’aimer pour soi et non pour son physique.
Le salon des K-Fighteuses réunit chaque année des femmes et des hommes qui ont su faire émerger un projet positif à la suite de leur cancer. Le but ? Faire changer le regard sur la maladie, et montrer qu’après le combat, vient la “résilience”. D’ailleurs les K-fighteuses sont très actives sur les réseaux sociaux où elles font part de leurs expériences et de leurs projets, afin de donner de la force à celles et ceux qui se battent contre la maladie.
*https://www.e-cancer.fr/Patients-et-proches/Les-cancers/Qu-est-ce-qu-un-cancer/Chiffres-cles – Consulté en décembre 2022
FR-LYN-00758 – Décembre 2022
Cet article est destiné à vous informer sur le cancer. Il ne peut en aucun cas se substituer aux conseils de votre médecin ou de votre pharmacien et à la prescription de votre médecin. N’hésitez pas à leur demander des précisions sur les points qui ne vous paraîtraient pas suffisamment clairs et à leur demander des informations supplémentaires sur votre cas particulier. Les informations contenues dans cet article sont générales, elles ne sont pas forcément adaptées à votre cas particulier.
Cet article ne se substitue pas aux recommandations des autorités de santé ou à celles des sociétés savantes. Pour plus d’information sur cette pathologie, veuillez consulter votre médecin ou votre pharmacien.
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