Allaiter au travail : quels sont vos droits ?
Voilà, l’heure est à la reprise du travail et vous souhaitez continuer d’allaiter votre bébé. Vous ne le saviez peut-être pas mais la loi prévoit des aménagements spécifiques pour vous. Explications.
Ainsi, à partir du jour de la naissance (1) et pendant une durée de 12 mois, une mère souhaitant allaiter son enfant peut bénéficier d’une réduction de temps de travail pour le faire : en effet, la loi prévoit une heure par jour pour cela. Un délai réparti sur deux périodes d’une demie heure chacune, une le matin et l’autre dans l’après-midi (2). Vous pouvez également, si des locaux sont prévus à cet effet, allaiter votre enfant directement sur votre lieu de travail (3), l’autorisation d’absence sera alors réduite à 20 minutes (4). Sachez cependant que ces délais peuvent changer en fonction de votre convention collective : il ne s’agit ici que des minimas prévus par la loi, renseignez-vous alors pour savoir si votre employeur a pris d’autres dispositions. De même, ce temps d’absence peut être utilisé pour tirer votre lait : vous n’êtes pas rémunérée pendant ce temps sauf si, encore une fois, votre convention collective dit le contraire…
Côté employeur, quelles obligations ?
Dans le cas d’une entreprise de plus de 100 femmes salariées, l’employeur est dans l’obligation d’accepter une demande de mise à disposition d’un local dédié à l’allaitement (5). Il faut savoir aussi qu’empêcher le droit à l’allaitement est passible d’une amende de 1500€ (6) et que le local mis en place doit répondre à certaines obligations. Par exemple, il doit être séparé des espaces de travail, être ventilé et pourvu de fenêtres. L’éclairage doit y être suffisant et l’endroit doit disposer de réserves en eau (ou être proche d’une arrivée d’eau), de sièges adaptés à l’allaitement et demeurer en permanence dans des conditions d’hygiène appropriées à l’allaitement. Pour finir, la température doit y être convenable et l’espace dédié adapté au nombre de salariées allaitantes, à savoir 3m2 par enfant de moins d’un an.
Quand les mamans rusent pour continuer d’allaiter
Evidemment, la mise en place de ces dispositions réglementaires n’est pas légion en entreprise. Même si l’employeur n’est pas fondamentalement opposé à la pratique, reste qu’il n’a pas toujours la logistique appropriée. En l’absence de crèches en milieu professionnel, difficile aussi de donner le sein à son bébé. C’est ainsi que certaines mamans rusent pour pouvoir continuer d’allaiter ou, du moins, de tirer leur lait, à l’instar de Sonia qui explique : « Mon bébé est chez une nounou la journée. Chaque matin, avant de partir travailler, je lui prépare un biberon de lait maternel qu’il prendra en alternance avec du lait en poudre. Dans mon entreprise, nous sommes une petite dizaine, il n’y a donc pas de local pour que je puisse tirer mon lait. Du coup, j’utilise un bureau qui n’est occupé qu’en cas de réunion. Je m’y faufile à l’heure du déjeuner, ouvre légèrement les stores pour laisser filtrer un peu de lumière et tire mon lait. Tous mes collègues sont au courant, personne n’ose piper mot. Un secret de Polichinelle en quelque sorte, mais à priori, qui ne dérange personne ! »
Lire le témoignage complet de Sonia en cliquant ici.
(1) Article L1225-30 du Code du travail, (2) Article R1225-5 du Code du travail, (3) Article L1225-31 du Code du travail, (4) Article R1225-6 du Code du travail, (5) Article L1225-32 du Code du travail, (6) Article R1227-6 du Code du travail
le nourrisson doit être amené et ne doit pas séjourner sur le lieu de travail, ce qui rend cette disposition très rarement utilisée : http://www.officiel-prevention.com/formation/fiches-metier/detail_dossier_CHSCT.php?rub=89&ssrub=206&dossid=210