Addiction au sexe : est-ce grave, docteur ?

Peut-on être réellement accroc au sexe ? Et puis, à partir de quel moment peut-on réellement parler « d’addiction ». Faire l’amour, tous les jours est-ce grave, docteur ?
En moyenne, les Français ont un peu plus de huit rapports sexuels par mois. Seulement voilà, difficile de se fier aux chiffres « officiels » dont on ne peut affirmer l’authenticité… sauf à espionner ce que le quotidien offre de plus intime. Et puis, il faut également faire le distinguo entre les jeunes et les plus âgés mais aussi prendre en considération le rapport des individus au sexe. Non, nous ne sommes pas tous égaux devant le sacro saint sujet ! Parmi nous, certains aiment le sexe, un peu, beaucoup, et d’autres, passionnément voire à la folie… Mais justement, la sexualité peut-elle être aliénante au sens médical du terme ?
Définir l’addiction au sexe
Force est de constater que la question divise le corps médical d’autant plus que la littérature scientifique fait relativement défaut en la matière. Difficile aussi d’établir des seuils de « normalité » quant aux rapports sexuels, chacun étant libre de faire l’amour autant qu’il le souhaite du moment que les rapports sont consentis et qu’ils ne sont pas régis par la loi. En réalité on peut évoquer le terme « d’hypersexualité » dès lors que la sexualité devient envahissante, qu’elle fait souffrir et qu’elle risque de mener à des dérapages. Selon l’IFAC (L’Institut Fédératif des Addictions Comportementales), les addictions sexuelles les plus fréquentes sont la masturbation compulsive, le recours obsessionnel aux sites pornographiques, le cybersexe, le sexe par téléphone, la fréquentation compulsive des clubs de strip-tease et certains comportements d’exhibitionnisme, de voyeurisme, de fétichisme, de travestisme… Le changement inlassable de partenaire fait aussi partie des symptômes.
Rencontre avec un « accroc » au sexe
Bien sûr, il n’est pas utile de cumuler toutes ces manifestations pour poser un diagnostic : si vous souffrez et/ou que vous faites souffrir, alors, il y a peut-être matière à vous interroger. Nous avons rencontré Antonio, 57 ans qui a mis très longtemps à comprendre que quelque chose, chez lui, pouvait « clocher ». Il nous explique : « Autour de moi, mes amis, et mes collègues m’on toujours dit que j’avais un problème avec le sexe, alors que je me suis toujours considéré comme un Don Juan plaisant aux femmes. J’ai toujours eu une importante libido, des aventures extra-conjugales quand j’étais en couple, et toujours multiplié les conquêtes et eu plusieurs partenaires en même temps. Je cherche en permanence une femme à séduire : je ne peux pas m’en empêcher. Je suis évidemment inscrit sur de nombreux sites de rencontres pour trouver de nouvelles partenaires.»
J’ai quatre enfants de quatre compagnes différentes dont deux que j’ai épousées… Toutes trompées, bien sûr… Car je n’ai jamais imposé à mes « officielles » ma soif de rapports sexuels
Un plaisir de plaire et une soif de sexe qui l’ont systématiquement conduit à des séparations avec des femmes qu’il a pourtant aimées sincèrement, et presque toujours dans la douleur. Il poursuit : « J’ai quatre enfants de quatre compagnes différentes dont deux que j’ai épousées… Toutes trompées, bien sûr… Car je n’ai jamais imposé à mes « officielles » ma soif de rapports sexuels, alors, j’allais l’assouvir dans la solitude ou en dehors de la maison, avec d’autres… Ma dernière longue relation m’a couté quelques heures de garde à vue. Ma femme de l’époque – qui venait de découvrir mes infidélités – m’a tendu un véritable guet-apens pour me faire accuser de violences conjugales. Elle a déclenché une dispute et nous a enregistrés en train de nous accrocher. En fait, elle me provoquait espérant me pousser à bout. Mais ça n’est pas arrivé. Elle a quand même porté plainte contre moi. Finalement, son enregistrement l’a desservie : on l’entendait distinctement crier, « frappe-moi, allez, frappe-moi ». Les policiers ont compris qu’il s’agissait d’une vengeance et on constaté qu’elle ne présentait aucun signes de coups. Notre divorce a été très éprouvant, et il a finalement laissé une blessure. J’ai mis le temps, mais j’ai fini par comprendre que je ne pouvais pas continuer ainsi pour les autres que je faisais souffrir, mais aussi pour moi, qui à presque 60 ans n’arrivait jamais à construire. Sans compter les sommes folles dépensées dans des hôtels où j’allais presque chaque jour louer une chambre à l’heure du déjeuner, les jours de travail manqués et décomptés du salaire parce que j’étais en bonne compagnie… »
Les conséquences de l’addiction au sexe
Des conséquences affectives et financières comme c’est très souvent le cas avec l’hypersexualité. Mais parfois, les situations peuvent être bien plus graves encore avec potentiellement des problèmes de santé comme des maladies sexuellement transmissibles, des dépressions qui perdurent et qui peuvent conduire au suicide. En outre, un addict sexuel pourra aussi avoir des co-addictions : tabac, alcool, drogues… D’où l’importance de la prise en charge. Libérer la parole comme le fait Antonio est important, mais avant cela, réaliser qu’il y a un souci et suivre une thérapie adaptée. Pour Antonio, tout n’est pas complètement réglé mais il se soigne : « Je vais voir un psychologue depuis presque deux ans. En fait, je réalise que je n’ai jamais vraiment été épanoui contrairement à ce dont j’étais persuadé…. »
Super article merci !
L’addiction au sexe peut se gérer je pense, mais il faut se fixer des limites et échanger régulièrement avec son partenaire.
Marion